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Turquie : le parti de Recep Tayyip Erdogan essuie une lourde défaite aux élections municipales

La capitale turque Ankara reste aux mains de l'opposition après les élections municipales La capitale turque Ankara reste aux mains de l'opposition après les élections municipales [REUTERS/Cagla Gurdogan]

Le parti du président de la Turquie, Recep Tayyip Erdogan, au pouvoir depuis 2002, a essuyé une défaite historique lors des élections municipales. Le principal parti d’opposition a remporté des victoires clés dans les grandes villes turques.

En plus de 20 ans de pouvoir, jamais l’AKP, le parti islamo-conservateur, n’avait essuyé une telle défaite. La formation politique du président Recep Tayyip Erdogan a concédé une victoire historique à l’opposition turque lors des élections municipales organisées ce dimanche. 

Le parti laïc social-démocrate (CHP) a revendiqué des victoires clés dans les grandes villes turques, notamment à Istanbul et dans la capitale Ankara, mais également à Bursa, grosse ville industrielle du nord-ouest, pourtant acquise à l’AKP depuis vingt ans. Les résultats officiels doivent encore être proclamés officiellement ce lundi. 

Par ailleurs, le président turc s’était impliqué très personnellement dans la campagne pour les municipales, mettant tous ses efforts dans la reprise d’Istanbul à l’opposition, sans y parvenir. Il avait cependant bénéficié d’un temps d’antenne illimité sur les chaînes de télévision publique, quand ses adversaires en étaient privés. 

Pour Recep Tayyip Erdogan, cette défaite marque un «tournant» pour sa formation politique.  S’il a reconnu que les élections ne s’étaient pas déroulées comme il le souhaitait, il a toutefois promis de «respecter la décision de la Nation». Il avait notamment déclaré que son mandat actuel, qui se termine en 2028, serait sans doute le dernier. Certains observateurs craignaient qu’une victoire de l’AKP dans les grandes villes n'encourage Recep Tayyip Erdogan à engager une réforme constitutionnelle pour se maintenir au pouvoir quelques années de plus, mais cela semble désormais peu probable. 

Imamoglu, futur président ?

Sous ses différents mandats présidentiels, Erdogan a considérablement renforcé les pouvoirs du chef de l’État, mais les maires élus au suffrage universel direct conservent une grande influence. Le vainqueur de l’élection à Istanbul, Ekrem Imamoglu, qui bénéficie d’une forte cote de popularité, est pressenti par de nombreux observateurs pour devenir l’un des principaux candidats à la présidentielle de 2028. 

La défaite du clan d’Erdogan peut s’expliquer par le poids de la crise économique qui a frappé les Turcs de plein fouet. L’inflation sur un an a atteint 67%, et la forte dépréciation de la livre turque a rendu le quotidien des classes moyennes invivable. La défaite de l’AKP peut donc être interprété comme un vote sanction face à cette crise.

Les opposants à Erdogan souhaitent par ailleurs un véritable retour à la démocratie et une Turquie laïque, en rupture totale avec le régime imposé par l’AKP depuis son arrivée au pouvoir. 

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