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Mosquées, synagogues, églises... quand les lieux de culte vont-ils rouvrir ?

Chrétiens, juifs ou musulmans, les fidèles des trois religions du Livre sont dans l'attente. [Photo d'illustration / THOMAS COEX / AFP].

Fermées en raison de l'épidémie de coronavirus, les mosquées, synagogues et églises vont pouvoir rouvrir. Le Conseil d'Etat, plus haute juridiction administrative du pays, a en effet ordonné au gouvernement, lundi 18 mai, de lever l'interdiction «générale et absolue» de réunion dans les lieux de culte.

Concrètement, cela signifie que le gouvernement a, à partir de cette date, huit jours pour s'exécuter, c'est-à-dire édicter les nouvelles règles qui s’appliqueront aux fidèles, en accord avec l'état d'urgence sanitaire.

En pratique, la réouverture des différents lieux sacrés ne sera donc pas générale, mais plutôt progressive dans les prochains jours et semaines, et souvent au cas par cas, le temps pour les responsables de chaque établissement de s'adapter.

Cette décision n'en constitue pas moins un énorme soulagement pour de nombreux croyants alors que, pour mémoire, tout rassemblement ou réunion au sein des lieux de culte demeurent encore aujourd'hui interdits, à l'exception des cérémonies funéraires, qui sont limitées, elles, à vingt personnes.

Dans son ordonnance, le juge des référés a motivé sa décision en expliquant que «des mesures d'encadrement moins strictes» peuvent être prises, à l'image de «la tolérance des rassemblements de moins de 10 personnes dans d'autres lieux ouverts au public».

Dans l'attente des modalités pratiques qui devraient donc prochainement suivre, les responsables des différents cultes, qui tous ont des fêtes à célébrer, n'ont bien sûr pas tardé à réagir, en restant toutefois prudents sur les échéances au regard de l'épidémie.

Pas de réouverture des mosquées pour la fin du ramadan

Concernant les mosquées, habituellement très prisées en période de ramadan, la Grande Mosquée de Paris a mis en garde sur leur réouverture dans un communiqué : «au vu de la situation sanitaire encore très fragile, il est pour l’instant irréaliste d’évoquer l’idée de rassemblements pour la prière de l’Aïd El-Fitr, le 23 ou le 24 mai, notamment dans les régions classées rouge», a-t-elle ainsi indiqué.

Un avis partagé par le Conseil français du culte musulman (CFCM), selon qui cette décision du Conseil d’État «n’ouvre pas la voie à une reprise normale et immédiate des cérémonies religieuses».

L’Aïd-El-Fitr est la fête marquant la fin du ramadan. Sa date exacte, samedi ou dimanche, sera déterminée à la Mosquée de Paris, vendredi 22 mai, au soir.

«Nous sommes toujours en état d’urgence sanitaire», et il appartient au gouvernement -et lui seul- de définir les modes d’organisation permettant la protection de la santé. La seule ligne à suivre est donc le respect du décret actuel, non encore abrogé, et de celui qui suivra», a prévenu le recteur de la mosquée Chems Eddine-Hafiz.

Les mosquées sont fermées depuis le début du confinement, qui avait été mis en place le 17 mars dernier.

Les églises résignées pour l’Ascension, mais dans l'espérance pour la Pentecôte

S'agissant des Eglises, la Conférence des évêques de France (CEF), a commenté cette décision en estimant que «la justice (avait été) rétablie».

«Nous étions quand même un peu moins bien traités que le reste des citoyens», a fait savoir Vincent Neymon, porte-parole adjoint de la CEF.

La CEF «attend donc maintenant la révision du décret que doit prendre le Premier ministre». Si le délai des huit jours bloque la célébration de la fête de l'Ascension, fixée ce jeudi 21 mai, il ne semble pas mettre en péril celle de la Pentecôte, qui a lieu dix jours plus tard, le 31 mai.

L’épiscopat a fait ces dernières semaines au Premier ministre plusieurs propositions de déconfinement comportant des protocoles sanitaires stricts dans les églises, plaidant pour une reprise des offices religieux - en petit comité - notamment pour la Pentecôte.

Un point de vue qui ne fait pourtant pas consensus au sein des différents courants chrétiens. «Nous souhaitons que la décision reste dans les mains du politique car il y a des enjeux sanitaires majeurs», a pour sa part affirmé François Clavairoly, pour la Fédération protestante de France. Quant au CNEF (évangéliques) «quelle que soit la date», il appelle «ses membres à respecter les consignes et recommandations appropriées».

Le Grand rabbin de France réservé pour Chavouot

Concernant enfin la communauté juive, Haïm Korsia, le grand rabbin de France, a quant à lui estimé que la décision du Conseil d'Etat «ne changeait pas», pour le moment, la pratique du culte.

«On ne va pas se ruer pour rouvrir les synagogues, ce serait dangereux», a affirmé le responsable religieux alors que Chavouot, l’une des trois fêtes de pèlerinage du judaïsme, arrive à grand pas, à partir du jeudi 28 mai. 

«L’impératif reste le même, celui de protéger la vie. On analysera seulement quand on aura des certitudes sanitaires. Et pour cela il faut attendre encore un peu pour juger des effets du déconfinement», a déclaré Haïm Korsia, évoquant la possibilité de faire des célébrations en extérieur.

«N’oublions pas que ça a débuté avec des personnes (...) qui étaient dans un rassemblement religieux», a-t-il d'ailleurs tenu à rappeler, mardi 19 mai, sur le plateau de l'émission «C à vous», sur France 5, en faisant référence au rassemblement des évangéliques de l’église de la Porte ouverte chrétienne de Mulhouse (Haut-Rhin) qui s'était tenu du 17 au 21 février propageant massivement le Covid-19 dans la région.

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