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Presstalis : les arrêts de travail inquiètent le monde de la presse

Un kiosque à journaux à Paris [Hocine Zaourar / AFP/Archives] Un kiosque à journaux à Paris [Hocine Zaourar / AFP/Archives]

Les grèves surprises à répétition chez Presstalis font payer un lourd tribut aux marchands de journaux et affaiblissent un peu plus les ventes au numéro des quotidiens déjà malmenés par la crise, déplorent les patrons de presse et diffuseurs.

Presstalis, a priori sauvé de la faillite fin 2012, grâce à plusieurs dizaines de millions d'euros d'argent public et le lancement d'un plan de modernisation drastique est régulièrement secoué par des arrêts de travail sporadiques qui empêchent tout ou partie des quotidiens nationaux d'être distribués.

 

1.750 postes supprimés ?

Des négociations ont été ouvertes chez Presstalis, notamment sur le volet social qui prévoit la suppression à terme de la moitié des 2.500 salariés du groupe.

Ces opérations ponctuelles pour peser sur les négociations sont menées et revendiquées par le Syndicat général du livre et de la communication écrite CGT (SGLCE-CGT), qui était la composante "distribution" du puissant syndicat du Livre quand celui-ci fédérait tous les métiers de la presse.

Si pendant des décennies, les patrons de presse ont observé une véritable omerta sur les conflits qui les ont opposés au puissant Syndicat du Livre d'alors, aujourd'hui certains patrons prennent ouvertement la parole.

 

24e perturbation en 4 mois aux Echos

"Vingt-quatre grèves (ndlr: en quatre mois) dans une industrie déjà en crise, comment s'étonner que les ventes au numéro de la presse continuent à baisser ?", s'est interrogé Francis Morel patron du quotidien Les Echos et ancien président du Syndicat National de la Presse Quotidienne Nationale (SPQN).

Selon lui, certaines opérations constituent une véritable "censure", dés l'instant où ces actions ciblée visent un titre de presse plutôt qu'un autre, alors même que les syndicats affirment défendre la distribution pluraliste de la presse au nom de la sauvegarde de la démocratie.

 

Les marchands de journaux inquiets

Du coté des quelques 30.000 marchands de journaux l'inquiétude est de mise: "L'absence des quotidiens dans leurs points de vente, nuisible à une fréquentation déjà en baisse, affecte gravement leur exploitation. Ils s'inquiètent également de leur relation au lecteur, qui se détourne du réseau physique pour aller chercher une version numérique - souvent gratuite - de son quotidien ; habitude qui pourrait perdurer", a écrit Gérard Proust, président de l'Union nationale des Diffuseurs de Presse dans une lettre ouverte adressée au SGLCE.

"Chaque matin, la radio ne manque pas d'informer le lecteur citoyen de l'absence des quotidiens, véhiculant le message subliminal qu'il est inutile de fréquenter nos points de vente. Au final, c'est véritablement la question de la survie de ce réseau qui est en cause" , estime M. Proust.

On compte un peu moins de 30.000 points de ventes de journaux en France (kiosques, maisons de la presse, Relay...). Plus d'un millier ont fermés ces derniers mois et nombre d'entre-eux sont confrontés à des problèmes de succession faute de repreneurs.

Sur 1,2 milliard d'euros d'aides publiques accordées au secteur à la presse, la distribution en perçoit 165 millions, dont six pour aider la modernisation des points de ventes. A titre d'exemple, certains journaux prospères comme Télérama, Le Nouvel Observateur ou Télé 7 jours ont reçu chacun en 2011 entre entre 7 et 9,5 millions d'euros d'aides de l'Etat.

Si la situation relève aujourd'hui de l'urgence, elle n'est guère nouvelle: "Cela fait bien dix ans que les problèmes sont visibles et la situation dans laquelle nous nous trouvons, prévisible", estime le député PS Michel Franceix dans son dernier rapport sur les aides à la presse. "Il faut maintenant en payer le prix, un prix d'autant plus élevé que l'on a trop longtemps mis la poussière sous le tapis", a-t-il ajouté.

Le SGLCE quant à lui en appelle aux pouvoirs publics, qui "ont les moyens d'arrêter les catastrophes en utilisant à bon escient les aides publiques à la presse", selon un tract diffusé vendredi dernier.

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